Au croisement des chemins, prenons la voie du numérique citoyen !

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Au croisement des chemins, prenons la voie du numérique citoyen ! Lancement du Data Governance Forum

Interview Emmanuel François, Chairman Data Governance Alliance for Smarter Citizens

Emmanuel, pouvez-vous nous éclairer sur la création de la Data Governance Alliance for Smarter Citizens ?

Il y a environ 14 ans, j’ai compris l’urgence d’agir sur les enjeux climatiques, plus particulièrement via l’énergie et le numérique. J’ai d’abord créé la Smart Building Alliance pour intégrer le numérique dans la transition environnementale des bâtiments et villes. En travaillant sur ce sujet, j’ai réalisé l’importance croissante du numérique dans la société, avec des enjeux éthiques et économiques très importants, notamment en matière de gouvernance des données…

J’ai alors, après mûre réflexion, créé la Data Governance Alliance for Smarter Citizens pour me concentrer sur une approche multisectorielle. L’objectif de cette association est de promouvoir une gouvernance éthique des données et de s’assurer que les citoyens jouent un rôle central dans l’évolution de la société numérique, car les entreprises et les politiques sont souvent moins sensibles à ces enjeux.

L’enjeu de cette association est de collaborer avec les instances gouvernementales et de représenter les préoccupations des citoyens pour une utilisation éthique et responsable du numérique ! Pour ce faire, nous créons un premier événement, en collaboration avec Innopolis Expo, le Data Governance Forum, qui se tiendra les 19 et 20 septembre à l’Espace Champerret à Paris !

Pour vous, les grands enjeux planétaires nécessitent une transformation fondamentale de nos modèles, et le numérique joue rôle prépondérant. Vous parlez de virage à 180%, qu'est-ce que ça veut dire pour vous ?

L’avènement du numérique induit un changement de nature anthropologique, un changement profond de nos sociétés. De la même façon que l’écriture et l’imprimerie ont radicalement transformé les sociétés humaines, le numérique, en tant que nouveau système d’information, structure les représentations individuelles et collectives. A titre d’exemple, les droits de l’homme ont été écrits dans une ère complètement différente de la nôtre et n’intègrent aucunement cette transformation fondamentale induite par ces nouvelles technologies.

Ainsi, il est indispensable de s’approprier le numérique comme un sujet politique extrêmement prioritaire, car les voies, les modèles rendus possibles par le numérique peuvent être vertueux ou, inversement, catastrophiques.

D’où la nécessité de se rassembler et de travailler ensemble, afin que l’intelligence collective nous permette de faire en sorte que ces changements soient au service de l’humain !

Vous évoquez diverses voies ouvertes par le numérique, pouvez-vous nous les énumérer et nous les expliquer ?

Dans le modèle Autoritaire, nous voyons une utilisation de la technologie principalement pour le contrôle des populations par les gouvernements. Si-cela peut être efficace pour adresser certains enjeux écologiques en dirigeant les comportements, c’est au prix d’une restriction de la liberté individuelle. L’exemple le plus emblématique est le crédit social mis en œuvre par le gouvernement chinois pour un contrôle accru de la population. Personnellement, je me battrai contre cette voie car je considère que la liberté individuelle est fondamentale pour l’humanité.

Le modèle Business, souvent associé aux États-Unis, utilise le numérique dans une perspective de gain financier. Les entreprises technologiques exploitent les données des utilisateurs pour générer des revenus, entre autres via la publicité. Ce modèle peut engendrer des innovations, mais il présente des risques pour la vie privée et l’autonomie des individus et favorise les géants du numérique. De plus, l’utilisation des données pour orienter le comportement et la pensée des gens peut créer une société axée sur la consommation.

Dans les 2 cas, nous avons un enjeu éthique majeur avec le risque de « bannissement » d’un individu de la société si son comportement ou mode de pensée dévie partiellement une ligne définie par des algorithmes.

Ce que je préconise, c’est un virage vers le modèle Citoyen, où le numérique sert de levier pour éduquer, informer et responsabiliser les citoyens. Cela signifie une approche démocratique qui met l’accent sur la réappropriation des données par les citoyens, l’utilisation de la technologie pour créer du lien social et adresser les enjeux planétaires. Cela passe par une pensée renouvelée de la société avec de nouveaux repères, où le numérique permet d’élargir notre pensée et de créer une humanité plus informée et responsable avec un modèle de gouvernance de société non plus uniquement « Girondin » ou « Top Down » comme c’est le cas aujourd’hui mais beaucoup plus « jacobin » ou « bottom up », hybride, en réseau ou « neuronal », pour une « Démocratie Numérique ».

Quels objectifs concrets se donne votre association pour nous faire tendre vers la voie la plus désirable, le modèle citoyen ?

Concrètement, nous mettons en place des groupes de travail sur l’ensemble des thématiques clés, telles que l’énergie, la traçabilité carbone, la gestion de l’eau, l’optimisation des espaces et des bâtiments, la mobilité et la santé …. Ces groupes travaillent sur des livrables qui comprennent l’inventaire des données nécessaires pour une optimisation des ressources dans ces domaines, afin de sensibiliser les citoyens et autres entités sur leur empreinte carbone, par exemple.

Ils seront complétés par des groupes de travail transversaux qui viendront apporter les outils nécessaires pour porter ces mutations avec en 1er lieu : un GT sur la démocratie numérique et un autre sur les nouveaux modèles économiques et cadres juridiques associés

Notre objectif majeur est de promouvoir l’accès aux données pertinentes, en particulier celles qui sont d’intérêt général, et de les structurer de manière à faciliter l’élaboration de services utiles par diverses entités.

En outre, nous aspirons à fédérer et embarquer des citoyens et l’ensemble des acteurs qui ont un intérêt à aller vers ce modèle de gestion des données

Pour tous ceux qui souhaitent rejoindre l’association, le message est clair : Unissons nos efforts et participez activement à la création d’un monde où les données sont gérées de manière transparente, responsable, et au service de la société dans son ensemble

Vous lancez la dynamique de l’association en créant la première édition du Data Governance Forum en co-localisation et en synergie avec Innopolis Expo 2023. Quel message clé souhaitez-vous passer à nos écosystèmes respectifs ?

À travers la traçabilité, le numérique peut nous servir à valoriser les externalités positives sur l’ensemble des thématiques et projets traités et portés par Innopolis Expo, comme l’économie d’eau, d’énergie, la réduction de notre empreinte carbone, la recyclabilité, la gestion des déchets, la qualité de l’air et bien d’autres !

Cette traçabilité, nous devons réussir à faire en sorte qu’elle favorise une économie incitative et vertueuse, au service du progrès humain. Nous devons nous rassembler… Il pourrait en être très coûteux, pour l’ensemble de notre société et les générations futures de ne pas le faire…

Le Data Governance Forum sera l’occasion de montrer, sur l’ensemble des thématiques traitées lors de l’événement et plus encore, comment la donnée peut nous permettre de créer des modèles de collaborations régénératifs et vertueux.

À travers une exposition, des conférences avec des exemples concrets, des débats de fond ainsi que des rencontres et mises en relation, nous travaillerons à faire avancer l’ensemble de nos écosystèmes respectifs vers un numérique responsable et citoyen !

Nous vous donnons rendez-vous les 19 et 20 septembre prochains à l’espace Champerret à Paris

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