L’interview de Luc Bouard, Secrétaire Général de l’Association Villes de France et maire de la Roche-sur-Yon.

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Découvrez comment, à travers une démarche volontariste et avec les acteurs territoriaux de la Vendée, dont Lhyfe (exposant du salon), il fait avancer la filière de l’hydrogène pour faire de la France un pays leader en Europe et dans le monde !

Inauguration de la Station multi energie de la Roche-sur-Yon

Nous voyons la Vendée très pro-active sur le sujet de la transformation des mobilités, qui impulse cette volonté politique sur le territoire avec vous ?

La transformation de la mobilité est une préoccupation forte en Vendée. Le président du Département est très impliqué sur le sujet qui dépasse le territoire Vendéen puisque nos voisins nous regardent avec attention. Le site dédié aux énergies et mobilités de demain que nous avons récemment inauguré, est d’ailleurs régulièrement visité par des collectivités qui entourent la Vendée. La Rochelle par exemple, nous rendra visite prochainement. 

Notre ambition est d’être en tête de pont sur le développement des mobilités différentes et à termes d’atteindre la plus grande indépendance énergétique possible sur le territoire. Et notre objectif, à horizons 15 ans, est de proposer des mobilités collectives complètement décarbonées.

On connaît les Vendéens, à partir du moment où l’on va démontrer que le modèle est efficace, que cela nous permet de « soigner » la planète, cela va être un tremplin pour le développement des énergies non carbonées en Vendée mais aussi sur tout le territoire national !

Concrètement comment est né ce projet de station multi-énergies de La Roche-sur-Yon ?

Tout commence avec la décision de Michelin de quitter le site de La Roche-sur-Yon en septembre 2019. Avec une urgence pour nous, à la fois retrouver de l’emploi pour les plus de 600 salariés, et donner une orientation globale à ce site industriel.

Très vite, vient l’idée d’en faire un site dédié aux énergies nouvelles et renouvelables et aux mobilités innovantes. Dans le même temps, le syndicat d’électrification de la Vendée, le Sydev, développe plusieurs projets avec Vendée Énergie, dont celui de Lhyfe, qui est un producteur d’hydrogène à base d’eau de mer et d’éoliennes. Ainsi qu’un certain nombre de centrales photovoltaïques, et groupes de méthanisation. Nous vient donc l’idée de créer une station multi-énergies à la Roche-sur-Yon, sur le site de Michelin. Elle devient ainsi le Totem de ce site, dorénavant dédié aux mobilités innovantes.

Nous avons inauguré cette station en début d’année, avec la visite de Bruno Le Maire. Cette station propose désormais du gaz naturel pour les véhicules, de l’électricité produite avec les centrales vendéennes, et de l’hydrogène produit à Bouin, à base de l’eau de mer et des éoliennes.

Sur le reste de l’ancien site Michelin, le but sera de travailler sur le futur de l’hydrogène et des mobilités innovantes. A titre d’exemple, la première entreprise qui s’installera aura pour activité le retro-fit hydrogène pour les poids lourds. La RATP va aussi développer un site de recherche, d’autres entreprises vont travailler sur la contenance, d’autres sur la performance électrique.

C’est un écosystème que nous souhaitons mettre au service de tout le territoire.

Comment avez-vous prévu l’essaimage de ces stations multi-énergie sur le territoire ? Quelles ambitions avez-vous pour le futur de ce type de stations ?

L’ambition de ce site, n’est pas seulement d’être un démonstrateur, c’est aussi d’être à la disposition des transporteurs ou des flottes de véhicules des collectivités. Aujourd’hui, la RATP qui travaille avec nous dans le cadre de sa délégation de service public, a acheté un bus à hydrogène. Nous allons en acheter un second d’ici la fin de l’année. Les véhicules que nous remplaçons sont désormais électriques ou au gaz naturel. Ce qui va nous amener à utiliser cette station de plus en plus.

L’ambition, avec le Sydev, Vendée Énergie, et tous les acteurs qui travaillent avec nous, est de pouvoir dupliquer ce modèle sur la côte vendéenne, tout d’abord à proximité de la commune des Herbiers, aux Sables d’Olonne, et à Saint-Gilles-Croix-de-Vie, avant la fin de cette année.

Comme vous pouvez le constater ce sont des villes moyennes… Avec nos partenaires, nous nous sommes rendu compte que cette typologie de ville peut vraiment être le creuset de l’innovation dans les territoires. Ce sont des lieux parfaits pour l’expérimentation et la collaboration entre les parties prenantes d’un territoire.

Avec l’association Villes de France, qui regroupe les villes de 10 000 à 100 000 habitants, nous sentons également une appétence très forte sur ce sujet. Une rencontre sera prochainement organisée avec le conseil d’administration de Villes de France pour faire rayonner notre modèle de la mobilité à la Vendéenne à travers tous les territoires !

Nous avons réellement pour ambition de compter parmi les précurseurs en France sur le sujet des stations multi-énergie. La démarche de mutualisation et d’accompagnement de l’écosystème d’entreprises locales nous parait en phase avec les enjeux d’aujourd’hui !

Il y a-t-il d’ores et déjà une rentabilité sur ce type d’opérations ?

Aujourd’hui la station n’est pas encore rentable, mais ce n’est pas notre objectif de court terme. Nous souhaitons pousser nos habitants et nos entreprises à suivre l’exemple de nos collectivités et investir dans les nouvelles motorisations et les nouveaux véhicules. Si nous ne le faisons pas, si nous ne montrons pas l’exemple, qui le donnera ?

Les constructeurs vont aussi travailler sur l’hydrogène et développer la filière. Au fil des années, les coûts baisseront. Ça sera donc gagnant-gagnant : rentabilité et environnement.

Vous évoquiez un système très innovant pour la production d’hydrogène, comment cela fonctionne ?

On se sert de l’eau de mer pour produire de l’hydrogène avec de l’électricité produite par des éoliennes, ce qui permet de déstructurer l’eau de mer, de séparer l’hydrogène de l’oxygène. Celui-ci est ensuite réintégré dans les fonds marins pour favoriser le développement de la flore et la faune marine et l’hydrogène est renvoyé sur le continent pour servir de carburant à nos véhicules. Avec ce système-là, nous inventons l’énergie perpétuelle et totalement décarbonée, puisque l’hydrogène redevient de l’eau en produisant de l’électricité pour faire avancer nos véhicules. Cela fonctionne en cercle vertueux !

Ce qui est frappant lorsqu’on visite le site de production, c’est qu’on se dit « Mais pourquoi nous n’y avons pas pensé avant ? », c’est un sentiment porteur d’espoir pour l’écologie et l’environnement en général !

La Vendée compte aussi un secteur important qu’est l’industrie nautique, à l’image du site Beneteau à Saint-Gilles-Croix-de-Vie. Sera-t-il associé à cette démarche de développement de l’hydrogène ?

Il y a le CETIM, qui est un centre de recherche sur l’industrie mécanique, qui travaille beaucoup sur la contenance et les contenants de l’hydrogène. C’est un peu le souci aujourd’hui. On est capable de faire voler un avion avec de l’hydrogène, mais encore faut-il gérer le transfert et la contenance du produit. On a des sociétés comme Fétis, qui va sans doute rejoindre le site Michelin, qui travaille sur plusieurs utilisations de l’hydrogène, dont l’une est l’hydrogène nautique. Les bateaux de loisirs, mais surtout le fret nautique, pourrait fonctionner à l’hydrogène.

Nous les Vendéens, nous y croyons !

Il me reste à convaincre mes collègues de Villes de France pour qu’ils reproduisent les mêmes expériences avec les mêmes motivations. On va y arriver, j’en suis persuadé.

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