Interview Cédric Delbet, Géosmartic

 

 

Tout d’abord, qu’est ce que Géosmartic, sur quels marchés vous positionnez-vous ?

Pour faire assez simple, la société a 4 ans, et au début, cela s’appelait Intégrale drône. L’idée était de proposer une prestation de services avec des drônes. Assez rapidement, on a fait un constat. Le fait de s’appeler « Drône quelque chose », ne permettait pas de gagner sa vie. On est donc monté en compétences, et là, on a pu proposer ce qui ressemble un peu à Geosmartic aujourd’hui. Sur le site de Geosmartic, on voit un peu la destination. L’idée est de proposer de l’information géographique, mais hautement résolue, que ce soit en 2D ou en 3D. On est en mesure de faire de la cartographie en très haute définition, ainsi que d’autres choses. Parmi les choses les plus abouties qu’on est capable de faire avec Geosmartic par exemple, il y a la possibilité de scanner des territoires entiers, sur 20 hectares par exemple. De remodéliser ces projets en 3D, et d’implanter dessus des projets potentiels.

 

Comment cela se matérialise-t-il ?

Récemment nous avons par exemple travaillé sur 20 hectares de Morvan, sur lesquels on a implanté un projet éolien et un projet photovoltaïque. C’est-à-dire que cela concerne des projets à impact visuel. C’est un petit outil qui est très frugal, très léger. L’objet, c’est de permettre un accès facile et de permettre aux gens de se représenter un projet futur, intégré dans son environnement réel. Ça, c’était la situation de Geosmartic en 2020. D’autre part, on s’est rendu compte qu’on était capable de produire également des images très hautement résolues, avec un progrès très significatif par rapport à ce qu’on peut voir avec des images satellites. Quand on voit une image satellite, on connait ses limites, le zoom à fond n’est pas toujours très bien résolu. Géosmartic est capable de faire des images très hautement résolues, et à ce jour, qui permettent un niveau de définition en tous points sans commune mesure avec ce qu’est capable de proposer Google. Avec ça, on a fait quelques affaires. Et là on arrive très vite à l’ère moderne, qui est simplement de comprendre d’où on vient. Notre métier c’était la cartographie. Et donc aujourd’hui, on fait de la haute définition, de la cartographie de précision pour les communes. On a eu l’intuition de faire ça sur les cimetières. Et on s’est rendu compte qu’il y avait un vrai besoin.

 

Le site internet de Geosmartic propose des exemples de cartes interactives pour visualiser votre commune ! 

C’est-à-dire ?

 

L’origine du besoin est très simple : aujourd’hui, toutes les communes ont l’obligation d’avoir un plan de cimetière à jour. C’est une obligation pour toutes les communes de France. Quand on va dans le détail, on se rend compte que le genre de choses qu’elles ont, concrètement ce sont des plans peu élaborés. Et ce que les communes font de mieux, ce sont des plans de cimetière avec Excel. Ce n’est pas de leur faute, ils ne savent juste pas vers qui se tourner. Dans ce secteur-là, tous les ans il y a des erreurs. Les erreurs typiques qu’on va trouver, auront pour conséquence parfois une inhumation des personnes au mauvais endroit. Ça c’est dramatique, au-delà des poursuites juridiques potentielles des mairies, ce sont des préjudices d’image. Ils n’ont pas envie de faire les gros titres des journaux avec ce genre de sujet. Mais il faut savoir que tous les ans ça existe. Et pour moi qui pose la question, je me rends compte que ça arrive assez souvent. C’est donc de là qu’est venu le besoin original. On s’est donc complètement concentré dessus depuis 18 mois. Aujourd’hui, notre proposition est de faire des plans de cimetières complètement à jour. On les fait par drone et on intervient sur la France entière pour faire cela. On a une proposition qui s’adresse tant aux petites communes, qu’aux villes médianes ou aux grandes villes. Les plans de cimetières sont des plans impeccables, complètement conformes au code général des collectivités territoriales. On s’est rendu compte que les gens avaient du mal à lire un plan de cimetière. Nous on fait des plans de cimetière par drône. Pour faire cela, ce n’est pas une simple photo de drône, ce sont des centaines de photos de drône qu’on fait en vol automatique.

 

Il y a donc une programmation du drône pour qu’il épluche tout le terrain du cimetière ?

Tout à fait. La partie terrain, on la maîtrise très bien, avec la programmation d’un vol automatique au-dessus d’un cimetière, point par point. On s’appuie sur un réseau de 9 000 télépilotes en France. Avec cela on va produire un plan. Soit on va remettre un plan au format plan, mais c’est un plan très sérieux, très solide, par rapport à ce qu’ils ont l’habitude de voir, bien positionné en prix, notamment pour les petites communes. Et on leur propose également une solution print, qui a l’intérêt de permettre aux communes d’écrire, d’effacer sur le plan. Ce qui est assez pratique pour une petite commune, pour faire du management visuel de son cimetière. Elle n’a pas besoin de quleque chose de plus compliqué. Ça c’est le premier point qui n’est pas spécialement « tech » mais qui est disruptif un petit peu dans les outils qu’on utilise pour proposer ce genre de choses. Et là, ça s’adresse à tout le monde, ça s’adresse effectivement aux petites communes, puis ça peut s’adresser également aux villes médianes, puisqu’en fait, elles peuvent être intéressées par ce genre de choses. Dans les villes médianes un peu importantes, il va y avoir des logiciels SIG, des Systèmes d’information géographique, sur lesquels ils ont à peu près toutes les couches, les rues, les réseaux, les réseaux dangereux, etc… Parfois, ils aimeraient bien compléter ça avec la couche SIG qui concerne les cimetières, et Géosmartic est en capacité de leur fournir, très facilement. C’est intéressant parce que les villes médianes ont de moins en moins de ressources en interne pour avoir des géomètres à eux, qui vont arpenter le terrain. Normalement pour faire ça, c’est un géomètre qui vient sur place, qui marque chaque tombe. Ça prend un temps fou, alors qu’avec notre solution, on va être beaucoup plus productif pour faire cela.

 

Sur vos propositions en termes de cartographie, vous vous êtes aujourd’hui recentrés uniquement sur les cimetières ? Ou s’agit-il de votre produit phare ?

J’ai deux produits phares. L’autre offre que l’on propose, ce sont des photos aériennes des communes imprimées. Je propose aux communes une carte, spécifiquement éditée pour elle, sur laquelle on va mettre leur commune au centre du sujet. J’en ai par exemple fait une pour la commune de Saint-Elois, à côté de Nevers. On vient détourer tout le contour de la commune, avec un fond teinté un peu différent selon que ce soit la commune ou ses voisines. Par défaut, on va reporter le cadastre. Quand j’ai fait cette affaire avec cette commune, le maire m’a dit « Waouh c’est bien », mais pour des images comme cela, on ne va pas utiliser le drône, ça n’a pas d’intérêt, vue l’échelle à laquelle ça serait imprimé, ça ne se verrait pas.

 

Exemple de modélisation 3D permises par les solutions Geosmartic

 

 

Dans ce cas, utilisez-vous plutôt des images satellites ?

Oui, on prend des images satellites, et le maire – parce que les maires vont sur Google MAP 15 fois par mois, pour parler avec des élus, pour parler de projets, de choses comme ça – le maire m’a dit « quand je vais sur Google, je ne vois pas la médiathèque qu’on a fait il y a 6 mois, parce que l’image satellite est trop vieille ». Là, en l’occurrence, on a commandé une image satellite à jour. On sait comment faire pour l’acheter, le cas échéant. Là, quand je l’ai livrée, l’image satellite avait moins de deux semaines. Le maire était épaté car il ne s’y attendait pas du tout.

 

Parce que vous travaillez avec des compagnies qui exploitent des satellites ?

Nous savons faire. Je connais les usages. Au niveau des images satellites, il y a énormément d’applications aujourd’hui, diverses et variées. Vous avez de grosses compagnies qui exploitent les satellites. Tous ces satellites produisent des images, et les descendent par radio, une fois par jour. Et il y a des plateformes qui existent, qui ne sont pas connues du grand public, elles sont vraiment pour les personnes avisées. Elles nous proposent des images fournies par différents satellites. Et nous professionnels, on peut acheter ces images là et les vendre à nos clients.

 

Comment se décline ce produit ?

Ce produit se décline en deux versions. Une version print, parce que mes clients, les maires, aiment bien ce qui se touche et ce qui se voit. Et vous imaginez bien, que pour manager la commune, c’est facile, parce qu’ils peuvent écrire et effacer sur leur plan, ils peuvent mettre des magnets dessus, ils peuvent parler avec leurs administrés. Et en plus ils sont fiers, car ils ont leur commune en 2 mètres par 1 mètre 50. L’autre produit, c’est pareil, mais en modèle interactif. Je peux proposer au client une carte, qu’il peut mettre par exemple sur le site internet de la mairie, où il va voir uniquement sa commune. Où je vais pouvoir remonter les informations qu’ils souhaitent, comme les chemins de randonnée, les bâtiments en 3D, voire même intégrer le PLU. Si il me le donne en papier, je vais pouvoir le reporter de manière électronique. Et ça, ça leur plait également beaucoup.

 

Diriez-vous que les collectivités sont attirées par les solutions qui leur facilitent la vie, mais qui ne sont pas forcément digitales ?

Typiquement, je vais illustrer cela d’une manière très simple. Sur les cimetières, nous avons parlé du produit d’appel, ou plutôt du produit pour commencer, dont tout le monde a besoin, que sont les plans. Aujourd’hui, on est capable de faire du plan, et je leur explique que je fais cela par drône, et qu’ils peuvent bénéficier d’une image en plus du plan. Par contre, quand j’arrive dans une mairie avec mon plan en dur et qu’ils touchent et qu’ils sentent, et bien ça, c’est hyper rassurant pour une petite mairie. A côté de ça, Géosmartic a d’autres produits qui vont beaucoup plus loin. Et qui peuvent plaire à la fois aux petites communes et aux villes médianes, c’est le produit ‘Cimetière connecté’. C’est un service qui permet aux mairies de fournir le service du renseignement à leurs concitoyens. J’ai remarqué qu’il y a plein de communes où, quand vous voulez trouver quelqu’un dans le cimetière, notamment dans le milieu rural, on est obligé de tourner dans le cimetière jusqu’à ce que l’on trouve la tombe que l’on recherche. Vous ne pensez pas forcément à vous rendre en mairie avant, pour connaître l’emplacement d’un défunt par exemple. Donc on a développé cette petite application qui s’appelle Héreitis. Vous avez un QR code à l’entrée du cimetière, qui signifie que le service du renseignement est rendu dans le cimetière. Vous avez simplement à flasher sur le QR code, et vous arrivez sur l’application. Il n’y a rien à installer. Avec cette application, vous avez un écran pour rechercher directement un défunt, ou bien une personne dispersée. Les personnes dispersées sont celles qui n’ont pas de tombe et ont fait une crémation. Vous pouvez rechercher une concession, si vous êtes par exemple un professionnel, comme les pompes funèbres, et que vous devez venir faire des travaux. En bref, vous avez une recherche multi-critères. Ensuite vous avez la fiche du défunt qui apparaît. Vous pouvez cliquer sur la touche ‘voir sur la carte’ et l’application vous dit « vous êtes là » et « la tombe que vous recherchez est là ». Et à mesure que vous vous déplacez dans le cimetière, vous vous rapprochez, jusqu’à arriver au pied de la tombe. Et si vous cliquez sur une option, vous avez les références encore plus précises.

 

 

 

Vous fonctionnez donc sous la forme de forfait avec les collectivités, avec différents niveaux de services proposés ?

On communique sur le « hébergé et fait en France », qui est très rassurant pour les collectivités. Effectivement, en terme d’offre, on a une formule starter, dans laquelle on propose du plan ; une formule medium, pour l’instant c’est un plan, avec en plus l’impression ; et tout en haut c’est le service premium, où on leur dit, 1 : conformité par rapport à la réglementation, on vous fait le plan, 2 : si vous êtes une petite commune et que vous ne pouvez pas vous offrir de gardien de cimetière, on a une solution pour vous qui va vous permettre de fournir le service du renseignement à vos concitoyens et qui va vous permettre de renseigner plus efficacement les pompes funèbres. Eux ils y voient, du service ‘plus’ qu’ils peuvent proposer à leurs concitoyens. Les maires me rapportent le fait qu’un cimetière mal entretenu, c’est quasiment un motif de sanction pour les élus, notamment à cause des remontées des personnes âgées qui n’aiment pas ça. Et maintenant, il y a aussi un exode des villes vers les campagnes. Quelqu’un qui veut s’installer dans une petite commune rurale, avant d’arriver à la mairie du village, le premier truc qu’il va voir en entrant dans la commune, c’est le cimetière à droite ou à gauche. Avoir quelque chose où ils peuvent proposer du service à leur concitoyens, c’est intéressant.

 

Les drones permettent bien-entendu de réaliser des plans aériens ! 

 

Comment se déroule la commercialisation de ces services ?

Pour les villes plus importantes, intéressées par la dimension smart city, il y a un premier discours si je sens que la ville fait des investissements sur la ville connectée, c’est une destination de digitalisation de leurs services. On est là en plein dans l’esprit smart city. Ou alors si je sens auprès des maires que ça bloque un peu au niveau du budget, je leur parle des gardiens de leurs cimetières, de leur obligation d’ouvrir 70 heures par semaine leur cimetière pour que les personnes puissent aller se recueillir entre midi et deux, en soirée et le samedi, et sur ces horaires-là, elles ne sont pas renseignées. Et bien nous, nous avons un outil qui fonctionne 24 sur 24 et 7 jours sur 7. Il renseigne plus fort que le gardien car il va littéralement guider les personnes jusqu’au pied du monument, ce que ne fait pas le gardien.

 

Il s’agit donc de s’adapter aux priorités de vos prospects-collectivités ?

Il y a des mairies qui sont prêtes à ce qu’on leur parle de tech. Si j’arrive dans une commune rurale, et qu’en responsabilité, j’ai un maire qui a plus de 60 ans, je ne vais pas nécessairement parler de technologie, car ça ne va pas les rassurer, ça ne va pas leur donner envie. Effectivement, on a eu un prix international de l’innovation, sur le sujet cimetière connecté, au SIIViM (Salon international de l’innovation en villes médianes), donc nous avons été lauréats avec ça. Aujourd’hui, notre objectif sur Innopolis, c’est de pouvoir présenter cette réponse à une obligation légale, pour les petites, moyennes et grandes villes, sur la partie plan. Et faire savoir qu’il y a un service qui existe aujourd’hui, qui n’existait pas auparavant, qui permet de renseigner les concitoyens et d’envisager des économies de frais de fonctionnement pour leurs services.

 

Si vous arrivez à convaincre des collectivités sur le volet cimetière connecté, l’objectif est de leur fournir vos autres services dans un second temps, notamment cartographiques, ou bien d’élargir d’abord votre base client ?

Pour l’instant, au niveau de l’offre cimetière, on a deux produits qui se vendent. On a le plan, et aussi l’histoire de la vectorisation pour les SIG, mais c’est la même famille. Nous avons enfin l’application grand public Héretis. Aujourd’hui, il y a quelque chose que je n’ai pas au milieu, mais que vend la concurrence, c’est le logiciel de gestion opérationnelle du cimetière qui permet de vendre des concessions pour 30 ans, pour 50 ans, de faire des rappels pour les concessions qui sont arrivées à terme échues. Nous développons actuellement notre propre solution qui sera disponible à la fin de l’année. Dans un an ou deux, on va pouvoir proposer aux concitoyens de bénéficier d’un service de livraison de fleurs par exemple, ou bien un service de contrat d’entretien. Ce sont des choses qu’on va pouvoir développer pour proposer des services en plus aux concitoyens. De plus, les fleuristes sont très intéressés par ça, parce que les commandes pour fleurir les tombes, c’est une grosse partie de leur activité. Mais leur difficulté, c’est qu’à chaque fois, ils passent un temps fou à trouver les bonnes tombes.

 

Vos perspectives de développement concernent donc notamment les professionnels du funéraire ?

Oui, il y a par exemple des spécialistes de généalogie qui pourraient être intéressés aussi par nos futurs services. Pour l’instant, on travaille dans cette direction-là. Mais ce qui est important pour nous cette année, ce serait d’accrocher 5 ou 10 villes médianes, de 30 000 ou 40 000 habitants, sur Innopolis, pour pouvoir faire des affaires avec elles en 2023, ce serait un beau résultat.

 

Pour rebondir sur votre remarque, l’objectif de votre présence à Innopolis est donc principalement de faire connaître ce service ?

J’ai quelques concurrents d’aura nationale, avec des belles sociétés qui font des 7 millions d’euros de chiffre d’affaires. Mais ces sociétés là vendent uniquement le logiciel de gestion des cimetières, qui permet de vendre des concessions, des services qui sont utilisés par les services des mairies, mais qui ne sont pas accessibles pour le grand public. Nous, on est les seuls à proposer ça. Il s’agit donc de le présenter un peu officiellement, parce qu’au mois de septembre, ce sera le moment où j’aurai un vrai commercial qui va pouvoir suivre les prospects. On aura un site vitrine dédié. Normalement, j’aurai fini de faire le travail de propriété intellectuelle, parce que certes, avec le salon Innopolis, on va se rendre visible d’un point de vue national, du moins c’est l’ambition qu’on a, mais je vais être également visible des gros concurrents, qui vont vite me démasquer. Donc on aura essayé de déposer tout ce qu’on peut en termes de propriété intellectuelle, d’ici au salon, sur le sujet cimetière. On parlera également sur le salon de nos offres sur les cartes, que ce soient les cartes matérielles ou immatérielles que j’ai pu vous présenter.

 

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