Gestion des données : Opérez un choc de simplification !
Interview de Thierry Martin, Président co-fondateur de la société Aquídata
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Ingénieur consultant en SSII avant d’être responsable de l’offre progiciel RH chez un éditeur national, Thierry Martin intègre en 2004 la fonction publique pour y exercer en tant qu’ingénieur principal différentes fonctions au sein des systèmes d’informations. Chargé de mission innovation numérique à partir de 2017 auprès de la direction générale du département de la Haute-Garonne, il quitte ses fonctions en 2021 pour une activité de conseil et d’expertise sur les sujets de la donnée et des usages numériques (Usage Data) avant de créer la société d’édition logiciel Aquídata en 2022.

Quelle est l’histoire d’Aquídata et comment votre démarche se démarque-t-elle?
Aquídata a été créée en novembre 2022, résultant d’une démarche initiée en 2017, alors que j’avais la charge du projet Open Data pour le département de la Haute-Garonne. Notre mission était de développer un outil pour les communes, afin de palier à l’hétérogénéité de leurs systèmes d’information en lien avec l’enjeu de collecte et de publication de données agrégées sur le portail départemental. En collaboration avec les agents de Roques et du Sicoval, nous avons conçu un prototype de plateforme en 2018, nommé ChampLibreCollecte, qui a été rapidement adopté par les collectivités partenaires . Cette expérience réussie en Haute-Garonne et étendue sur d’autres collectivités en France a jeté les bases de la création d’Aquídata , une société qui met l’accent sur la collecte et la gestion de données collaboratives.
Notre idée maîtresse est d’accompagner les organisations dans l’unification des procédés de collecte et de captation de données. Notre plateforme offre des interfaces personnalisables qui garantissent la mise en qualité et en conformité des données selon des standards préétablis. L’objectif ultime est d’encourager la réutilisation en temps quasi-réel de données agrégées et interopérables, de manière sécurisée et automatisée !
Aquídata répond alors à des problématiques que vous avez observé en travaillant au sein même des collectivités… Pouvez-vous détailler ces observations qui ont motivé la création de votre entreprise?
Les problématiques les plus courantes étaient celles de l’outillage, de la connaissance, de la disponibilité des agents, de la maîtrise technique des sujets de l’interopérabilité, et de l’absence de cas d’interopérabilité. Il y avait également un manque de transversalité dans les approches de collecte.
Plusieurs collectivités ont reconnu qu’elles fonctionnaient précédemment avec des systèmes fermés. Elles ont dû repenser leurs démarches pour privilégier l’interopérabilité et des solutions sur mesure.
Le problème historique réside en partie dans la manière dont l’informatique était perçue au sein des structures publiques. Il était fréquent qu’une seule personne, désignée d’office, gérait l’informatique dans une commune. La plupart du temps, seuls 10 à 15% des données produites étaient réellement exploitables. Des projets étaient souvent menés de manière indépendante, sans une vision coordonnée sur la gestion des données.
C’est ce constat que nous avons fait en 2017-2018, lors de notre collaboration avec les collectivités. Aquidata a été créée pour offrir une réponse pragmatique à ces difficultés. Notre plateforme SaaS élimine les problèmes d’infrastructure, d’habilitation, d’interopérabilité et d’accès aux données. Elle offre un cadre unifié qui simplifie la collecte de données de qualité et les rend nativement interopérables. Notre objectif est d’accompagner les collectivités, qui souvent manquent d’expertise, à aborder ces sujets complexes de manière simplifiée

Plateforme AQUIDATA
Pourquoi l’interopérabilité des données est-elle au cœur des projets de territoires intelligents aujourd’hui ?
L’interopérabilité des données est centrale dans les projets de territoires intelligents car elle permet une meilleure communication et collaboration entre diverses entités et services. En intégrant les données de différentes sources, cela ouvre la porte à des solutions innovantes et holistiques pour les défis auxquels un territoire est confronté. Imaginons une ville où les services de transport, d’énergie, de gestion des déchets et de soins de santé peuvent échanger des données sans friction. Cette synergie favorise une meilleure prise de décision, une optimisation des ressources et, en fin de compte, un meilleur niveau de vie pour ses habitants.
Dans une démarche de vulgarisation, quels sont les points clés que doivent avoir les décideurs quand ils abordent cette thématique de l’interopérabilité ?
Quand on parle d’interopérabilité, il est crucial de comprendre que ce n’est pas qu’une simple question technique. C’est tout autant un enjeu humain et organisationnel. L’importance de l’intégration de l’interopérabilité dès le début d’un projet est fondamentale, car l’ajouter après coup peut être complexe et coûteux. De plus, il est important de reconnaître que des standards communs jouent un rôle essentiel, mais ils ne sont qu’un début. La coopération entre les divers acteurs est primordiale. Et enfin, il faut bien réaliser que l’interopérabilité implique aussi des défis en matière de gouvernance, d’outils à utiliser et de promotion d’une culture du travail collaboratif.

Concrètement, pouvez-vous nous parler d’un cas d’usage concret d’Aquídata pour les collectivités ? Vous avez travaillé en particulier sur les menus de cantine.
En effet, un exemple concret de notre travail concerne les menus de cantine. La Start-Up QuiDitMiam avait besoin de données pour fonctionner, et le carburant de son application était précisément les données de menus. La difficulté ici est qu’il n’existait pas de standard pour ces données…. De nombreux acteurs, tels que les écoles, collèges, lycées, entreprises et autres établissements, ont leurs propres méthodes pour publier ces menus, produits parfois même avec des outils bureautiques.
Nous avons collaboré étroitement avec Open Data France, des collectivités au niveau national et les principaux éditeurs de logiciels du marché de restauration collective pour définir un standard sur les menus et les plats. L’ une des réalisations a été d’utiliser les données produites par différentes collectivités pour alimenter un assistant conversationnel qui permet d’interroger une base de données structurée sur les menus. Ainsi, un parent peut suivre via une application mobile les menus de ses enfants même si ils se trouvent dans différents établissements scolaires !
Ces données sont interopérables, ce qui signifie que différentes applications peuvent les utiliser sans effort additionnel. Par exemple, une start-up pourrait récupérer ces données pour alimenter son système et fournir un nouveau service innovant. En ce sens, un travail à la source sur l’interopérabilité est également un facteur clé qui permets de favoriser l’innovation sur un territoire !
Pour conclure cette interview, quel serait donc le message que vous voudriez transmettre aux collectivités ?
Innopolis Expo, en tant que salon d’innovation, est la preuve de l’existence de projets tels qu’Aquídata qui apportent des solutions simples à des problématiques complexes. Les collectivités qui souhaitent transformer leurs territoires doivent s’entourer d’acteurs en mesure de les accompagner et d’opérer un « choc de simplification » afin de leurs permettre, in fine, de concentrer leurs efforts sur les grands chantiers qui se présentent à nous !