La transversalité dans les projets de territoires intelligents, l’exemple d’Angers Loire Métropole, collectivité pionnière en France !
Interview de Constance Nebbula, Vice-Présidente de la Région Pays de la Loire - Vice-Présidente d'Angers Loire Métropole

Vue Aérienne d’Angers : esplanade Coeur de Maine, berges de Maine et Cale de la Savatte ; en arrière plan la cathédrale et le château
Il est commun de dire que pour mener des projets de territoire en phase avec les enjeux contemporains de transition numérique et écologique, la mise en œuvre d’une démarche transverse est essentielle… Comment cette notion se retranscrit dans le cadre du projet d’Angers Loire Métropole ?
Le plus frappant comme exemple et comme vecteur de changement que nous avons eu à Angers c’est bien le territoire intelligent où nous sommes obligés, selon moi, d’adopter une approche à 360°. C’est-à-dire que plutôt que mettre du smart dans la mobilité, les déchets, le bâtiment et plusieurs autres thématiques de façon individuelle, la vraie intelligence se trouve dans la façon dont projet global est conçu.
A partir des composantes du territoire d’Angers, c’est-à-dire la ville centre et les 28 communes de l’agglomération et les compétences et problématiques propres à chaque acteur, on a réfléchi à une vision globale du territoire. La dimension transversale a été adoptée dès le départ du projet et nous sommes aujourd’hui la seule collectivité en France à avoir un unique marché avec un groupement privé pour 9 des thématiques qui recoupent à la fois des compétences de la métropole et de la ville.

L’Hyperviseur, centre de pilotage numérique (Territoire intelligent) avec modélisation cartographique sur grand écran
En plus de la vision, vous mettez aussi l’accent sur la gestion interne au sein des collectivités comme facteur de succès essentiel pour les projets de territoires intelligents. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Pour tendre vers une approche globale, il faut que le fonctionnement en silo dans les services soit dépassée. Bien que point de départ soit le portage politique, il ne suffit pas d’une vision pour qu’une organisation interne deviennent transversale, c’est quelque chose qui vient dans un second temps…
C’est plus long, moins visible, plus fastidieux, mais aujourd’hui avec les années on se rend compte qu’un projet de territoire intelligent c’est presque plus un projet managérial, un projet RH, qu’un projet technologique. Quand nous avons lancé le territoire intelligent, nous avons décidé de ne pas recruter du personnel extérieur à la collectivité afin de créer une nouvelle direction dédiée à ce sujet. Ce sont les agents déjà présents qui ont été mobilisés et nous ne les avons pas fait changer d’équipe. En revanche on a intégré dans chaque métier les sujets en lien avec le territoire intelligent.
Dans notre démarche il était essentiel que ce ne soit pas quelqu’un de complètement extérieur à Angers Loire Métropole et surtout pas quelqu’un qui se positionne en dehors de l’organigramme habituel qui pilote le projet. L’idée c’est de diffuser cette question comme partie intégrante du projet de territoire parce que les sujets de territoires intelligents, comme les sujets en lien avec la transition écologique sont des sujets extrêmement transversaux qui se diffusent dans l’ensemble des politiques publiques.

Constance Nebbula
Comment la collaboration avec le secteur privé évolue au regard de l’émergence d’approche plus transverse dans les projets de territoires intelligents ?
Pour effectuer nos premières expérimentations Smart City nous avons créé l’association, PAVIC (Plateforme Angevine pour la Ville Intelligente et Connectée), dont la gouvernance était formée de la collectivité, de la chambre de commerce, des écoles d’ingénieurs et des entreprises. Dès le départ du projet la gouvernance était multi-acteurs. A travers cette association, nous avons cherché à faire d’Angers un précurseur des territoires intelligents. C’était le seul moyen que nous avions trouvé pour accélérer la mise en œuvre de projets et d’expérimentations de type public-privé sur le territoire.
Ce qu’on met en œuvre aujourd’hui entre Angers Loire Métropole et le groupement Engie Ineo c’est l’exemple même de la collectivité qui travaille main dans la main avec un partenaire privé, la coopération avec les acteurs privés me parait consubstantielle des projets de territoire intelligents !

Conseil local du numérique dans la salle du conseil municipal d’Angers
Vision politique, organisation interne, collaboration avec le secteur privé…L’usager est un acteur important qu’il n’est pas toujours facile d’inclure dans les projets... Qu’elle place donnez-vous aux citoyens dans l’établissement de votre politique de territoire intelligent ?
En effet, inclure les citoyens est également très important pour proposer des services adaptés et s’assurer qu’ils soient compris et utilisés. Nous avons récemment créé une instance de démocratie participative, le conseil local du numérique qui réunit 40 angevins représentant les 10 quartiers de la ville. Nous avons pris soin de faire en sorte que cette instance soit paritaire en matière de genre et de tranche d’âge. Nous les sollicitons à travers 4 séances plénières dont les thèmes ont été choisis par eux-mêmes, en l’occurrence la fracture numérique, la data, la dématérialisation et la simplification.
Cela nous permet d’avoir un retour sur les politiques mises en œuvre mais aussi de nous rendre compte que des progrès sont encore à faire pour que les informations se transmettent aux personnes concernées. L’idée est également d’identifier les trous dans la raquette, faire remonter leurs conseils et leurs idées, de proposer aux citoyens de nous aider à amender notre politique numérique ! Lier une politique au besoins et enjeux des habitants nous semble indispensable pour que les solutions déployées soient pertinentes et comprises par les habitants !
Quel conseil donneriez-vous aux collectivités qui souhaitent accélérer leurs projets de territoires intelligents et tendre vers cette nécessaire transversalité ?
Il me semble très important de ne pas faire du copier-coller d’une collectivité à l’autre, à partir du moment où la volonté politique est là, chaque collectivité doit trouver son propre modèle. On a pu construire le projet d’Angers Loire Métropole avec notre bagage et nos atouts, il faut absolument s’appuyer sur l’existant et son histoire propre dans chaque territoire !